Formation Shiatsu
J’avais dix-neuf ans lorsque j'ai découvert le massage Shiatsu.
À cette époque, je travaillais en tant qu'éducateur dans un service pour enfants et adolescents. Au cours d'une soirée de rencontre avec les parents, une des mères m’a informé que son mari était absent car il suivait une formation en massage Shiatsu. J’avais déjà entendu parler de cette technique de massage, mais vaguement. Elle s’est mise à m’expliquer les nombreux bienfaits de cette discipline, et je lui ai demandé si elle pensait que cette technique pourrait soulager l’urticaire qui à ce moment-là faisait de ma vie un enfer. Elle m’a alors proposé de l'accompagner chez elle pour que j’y rencontre son mari.
La première chose que Sergio m’a dite en me voyant, c'est que j'avais un teint particulier, (ah bon ?) et que selon lui je consommais beaucoup trop de lait ou laitages. J'avoue, c’était vrai ! J’en étais littéralement accro. Son conseil était d’essayer d'arrêter pendant une semaine pour voir si cela pouvait aider à calmer mon urticaire. Assez sceptique je lui ai dit que oui, j'allais essayer, parce-que de toute façon les médicaments que mon médecin me donnait ne fonctionnaient pas. Au bout de quelques jours, plus aucune démangeaison, l'allergie avait disparu. J'étais tellement content et fasciné que j'ai décidé de l’appeler pour lui dire que cela avait marché et que je voulais connaître davantage cette discipline qui à mes yeux était déjà presque miraculeuse, j'avais été soigné sans même être touché, carrément !
Il m' a expliqué que le massage Shiatsu était une discipline manuelle originaire du Japon, inspirée de la médecine chinoise et de l'acupuncture, un massage un peu particulier. Il était en train de terminer sa formation et pour passer son examen il devait pratiquer sur un certain nombre de personnes. C’est comme ça que pendant plus d'un an je suis devenu son cobaye et les années suivantes un client assidu. Même si Sergio était en formation lorsque je l’ai rencontré, je peux encore affirmer aujourd’hui qu’il a été le meilleur praticien Shiatsu que j'ai connu.
Au fil des années, nous avons eu l'occasion de beaucoup échanger sur nos ressentis réciproques. Il m'expliquait souvent comment les points du corps étaient perçus du point de vue de la médecine chinoise, comment agir pour renforcer le corps et l'esprit, par le toucher mais aussi par d’autres actions, comme la manière de se nourrir, par exemple. La macrobiotique et la physiologie énergétique, entre autres, faisaient partie des matières étudiées pendant sa formation. Parfois, au cours d’une séance, j'avais besoin de lui parler de mes sensations physiques, émotionnelles, et cela donnait lieu à d'autres sujets de discussion.
Sans m'en rendre compte j'étais en train de me former à cette pratique, parce qu'en recevant à chaque séance, j'intégrais par l'expérience directe l'effet des points d'appui mais aussi les aspects théoriques qui étaient à la base de cette approche holistique. Cela dit, je n'arrivais pas du tout à formuler l'idée de suivre un parcours de formation en m’inscrivant dans une école, je n'envisageait simplement pas cette possibilité. La seule chose dont j'étais sûr c'est que j'adorais recevoir du Shiatsu, ce milieu m'intriguait énormément, j'avais envie de partager plus de temps avec lui et avec ses copains de formation, ils étaient tous sympas et c'était pour moi la première fois que je voyais des adultes s'intéresser à ce genre de choses.
Une aura mystérieuse et bienveillante enveloppait tout ce qui était en relation au Shiatsu. Je comprenais clairement qu'il ne s'agissait pas seulement d’un massage, c'était quelque chose de plus profond et plus puissant. Mon état global en était la preuve, j'étais beaucoup moins stressé, je me sentais plus fort, je n’attrapais presque plus la grippe alors que chaque année depuis mon enfance j'avais droit à un ou deux cycles d’antibiotiques. Même l'allergie au pollen et au foin s'était calmée. Nous avons continué ainsi à nous voir, séance après séance, pendant plusieurs années; j'étais désormais invité en tant qu'observateur à des séminaires, rassemblements et ateliers.
Je faisais connaissance avec les bases de la macrobiotique, les aliments conseillés, vendus dans les tout premiers magasins bio qui proposaient des produits exotiques, tels que les algues, le miso, les prunes umeboshi, tous utilisés comme remède pour nettoyer l'organisme et le maintenir en forme. Je découvrais aussi les produits dont il fallait se méfier ou à consommer avec modération à cause de certains ingrédients, comme le sucre, le lait, les nitrites etc…
J'étais très rigoureux, surtout après ma guérison liée à l’arrêt des laitages (le lait je l'ai complètement banni de mon quotidien, mais comme je continue à l'aimer j'en bois de temps en temps comme un grand cru) puis petit à petit, toujours grâce à Sergio, j'ai appris aussi à rester souple face à l'intégrisme alimentaire en me concédant la liberté de consommer ce dont j'avais envie mais d'une manière plus consciente et responsable.
Une grande amitié s’étant installée entre nous, les séances de Shiatsu sont devenues de plus en plus rares, jusqu'à ce qu’elles cessent complètement. Je n'en souffrais pas trop, j'avais retrouvé une forme physique qui me permettait d'endurer davantage.
Seulement, après un certain temps je commençais à voir mon énergie vitale décliner, la vie décidément n'arrête jamais de nous mettre à rude épreuve, et j'avais vraiment besoin de reprendre les séances pour recharger mes batteries. Je commençais alors le tour des praticiens Shiatsu issus de formations et méthodes différentes, mais vraiment, le résultat n'était pas à la hauteur de mes attentes. Je n'arrivais pas à trouver la même qualité de toucher sous les mains des autres.
Un soir, par hasard, Sergio me propose de l'accompagner pour rejoindre un copain qui suivait la même formation de Shiatsu que lui. C'est donc ce jour-là que j’ai fait la connaissance d’ Alberto Usuelli, l'enseignant (il a toujours détesté qu'on l'appelle maître) et fondateur avec sa femme Sonya Mac Angus de l'école Shen Dao Shiatsu de Monza. La première impression était positive, et son attitude ne reflétait pas l’image du gourou à laquelle, à tort, je m’attendais. Après avoir discuté un peu, il m’ a proposé de participer à une nouvelle formation qu'il allait commencer bientôt, les trois premiers mois gratuitement, puis si cela me plaisait, j'aurais pu alors formaliser mon engagement pour la première année. J'étais surpris, je ne m'attendais pas à cette évolution dans mon expérience du Shiatsu. De retour à la maison, je réfléchissais à cette possibilité et un peu opportuniste je me disais que c'était surtout une occasion pour me faire masser par mes futurs copains de cours ! Et c’est ainsi que mon aventure de praticien Shiatsu commençait.
La première année de formation avait une cadence hebdomadaire, la seconde à un rythme de deux soirées par semaine, pour grosso modo 500 heures au total. Les matières abordées : Do-In, principes de bases de physiologie et anatomie, médecine chinoise, étude et pratique des méridiens classiques selon la méthode Namikoshi et les extensions Masunaga, macrobiotique, cranio-sacrée, moxibustion, ventouses à chaud etc…
Lorsque j'ai commencé ma formation nous étions plus de trente personnes. À la fin du cycle, nous n’étions que huit . Je me rappelle très bien de toute cette période, parce que c'est à peu près au même moment que j'ai changé de métier pour devenir l’assistant jardinier paysagiste d'un autre très cher ami, Andrea, lui aussi rencontré dans le milieu du Shiatsu.
Je me réveillais à cinq heures du matin pour aller travailler, et les jours où j'avais école il m’arrivait de pas avoir le temps de dîner. Malgré ce rythme, je n'ai presque sauté aucun cours tout au long de la formation. Il me suffisait d’arriver sur place pour oublier instantanément toute la fatigue de la journée. Le contact, l'apprentissage, le fait de communiquer avec mes copains grâce au massage me faisait énormément de bien. Je sentais que pratiquer me plaisait autant que recevoir, voire plus.
Souvent, pendant les cours, des élèves des années précédentes venaient partager leur expérience et réviser avec nous.
Nous étions un bon groupe et nous avons continué à nous retrouver toutes les semaines pendant quelques années pour une sorte de formation continue. Et puis un jour, Alberto nous a annoncé qu'il allait arrêter pendant un moment de donner des cours. Finalement ma classe a été la dernière de sa longue carrière et à chaque fois que j’y pense je ne peux que me dire que j’ai bien fait d'écouter mon intuition ce soir-là et de cueillir cette opportunité.
Je serai toujours redevable à toutes ces personnes, particulièrement Sonya et Alberto, qui m'ont aidé et guidé depuis le début de mon aventure. Grazie di cuore.